samedi 17 août 2013

Bruno des Baumettes : La tragédie carcérale....

Le Piranèse - Prisons imaginairesEtre emprisonné c'est devenir l'objet d'un Autre, qu'on le veuille ou pas.

Objet de surveillance, objet de soins, parfois, objet de méfiance, toujours...

Là, on gère des hommes comme ailleurs, dans les grands magasins, on gère des stocks

Etre écroué, incarcéré, entaulé, c'est d'abord être une 'chose' qu'on manipule et qu'on contrôle. Que d'autres : juges, matons, psychiatres..., manipulent et contrôlent.

(Photo : Le Piranèse : Prisons imaginaires) 
Etre 'sous main de Justice', c'est devenir un matricule, un numéro égaré parmi d'autres matricules, que l'Administration pénitentiaire et ses gardiens tentent, tant bien que mal, de gérer.

En prison entrent des hommes, des femmes, comme ailleurs du 'matériel circulant' : on remplit des cases, des cellules, des quartiers. On sait bien qu'un jour ou l'autre cette marchandise humaine, il faudra la remettre sur le marché... en liberté. Mais ce n'est pas là le souci principal. D'abord, faut gérer !


On devrait mieux en prendre soin mais...

Parfois, il y a quelques déchets. Il y a les évasions qui sont à la prison ce que la démarque inconnue est pour les grands magasins. Elles sont rares en France : n'est pas Papillon ou Déjour qui veut...

Il y a les morts et les suicides. C'est inéluctable. Certes, on meurt moins en prison qu'à l'hôpital diront les statisticiens. On s'y suicide sept fois plus que dans le reste de la population.

Bon, rétorqueront les économes : ceux qui meurent libèrent, de facto, de la place pour les vivants. Tant va la gestion des flux judiciaires : entrées-sorties pourvu qu'on libère... de la place ! L'important c'est la 'case-vide', qu'existent des cases-vides, celles qui permettent justement que tout fonctionne, que la machine carcérale ne se bloque pas...

Ender - l'Enfer Surpopulation carcérale : la constipation du système

Et c'est justement là qu'il y a un hic. Quand les prisons sont congestionnées, la Justice se trouve constipée. Elle étouffe en ses bas-fonds, dans ses culs-de-basse-fosse.

Alors reviennent toujours les mêmes questions. Quel remède appliquer ?
(Photo : Ender - l'Enfer)
Faut-il agrandir ses intestins ? élargir son gros-colon ? ouvrir de nouvelles prisons ? remettre en service quelques bagnes : à Cayenne ou en Nouvelle-Calédonie par exemple ?

Faut-il une Justice plus clémente ? Faut-il relâcher les sphincters, laisser sortir un peu de cette fiente humaine, sous peine que le laxatif soit jugé trop laxiste ? Faut-il remettre en liberté toute cette canaille et son engeance criminelle ?

Ou faudrait-il plutôt songer à nouveau à couper des têtes ? Voilà qui désengorgerait bien les Quartiers de haute sécurité et préviendrait les autres...

La prison instrumentalise... pas seulement les Détenus

Alors le débat s'invite sur la scène politique et médiatique.
C'est tellement plein par-derrière, c'est tellement débordant là-dessous que le débat éclate sur l'avant-scène, qu'il s'étale nauséabond ! Les portes tiendront-elles ? Ne vont-elles pas finir, comme des écoutilles fragiles, par céder ?

(Silence... Silences crispés ou silences gênés. Silences et hésitations...)

Qu'on se rassure : les portes des prisons resteront verrouillées bien sûr ! Elle tiendront. Le bon peuple a eu peur un instant, 'on' lui a fait peur,  il s'est fait peur...

G. Korganow - 2012 - Les Baumettes
Le décor est planté laissons entrer les 'héros'

Voici un bien sombre décor fait d'ombres et d'encre de Chine, telles les prisons imaginées par Le Piranèse au XVIII°.
Des décors bien réels ceux-là, llustrés par les photos du Contrôleur général des Lieux de privation de liberté.
(Photo : G. Korganow - Rapport du CGLPL sur l'Etat des Baumettes - 2012)
Des cellules délabrées, de la crasse partout, et, de jour comme de nuit des cris - de rage ou de plainte - de ces Taulards, incessants, obsédants, écoeurants...

Mais voici qu'ils entrent en scène. Le choeur retient son souffle, le public aussi. Un homme, une femme...

Au théâtre, la tragédie exécute ses héros.

La situation dramatique des prisons en France ne laisse aucun 'choix' à ses héros, aucune échappatoire.

D'abord, bien sûr, pour les Taulards eux-mêmes. Mais eux, ne sont là que pour la figuration. Presque, ils font partie du décor : ils sont comme des pierres dans les murs...

Il y a les divers officiants aussi : les surveillants d'abord - qui ne diront mot, droit de réserve oblige - mais qui n'en pensent pas moins... à moins qu'ils bloquent l'entrée du théâtre !

Et puis les médecins, infirmier(e)s, psychiatres et autres psychologues, tels des serviteurs thanatologues en blouse blanche, qui traversent la scène...

Les aumôniers enfin pour dire une dernière prières...

Il en faut du monde pour une tragédie !

Chacun y joue son rôle, plus ou moins bien, avec plus ou moins de coeur ou de courage. Mais de toute façon, les rôles sont déjà tout écrits. Ils ne jouent pas vraiment, savez-vous : ils exécutent.

Valls versus Taubira La Prison instrumentalise aussi le débat public

Les voici qui s'avancent.

Elle d'abord : Ministre et Garde des sceaux. Presque on la revêtirait d'un grand habit de zibeline, haute stature et fière héroïne du Droit et de la Justice.
(Photo : p.COCHARD-CASABIANCA/AF)    

Lui, jeune et fringuant, Ministre de l'Intérieur plein d'ambition. Ce n'est pas le premier. Le verbe sûr, la Sécurité et l'Ordre comme égide, il ne mâche pas ses mots : il les note et les diffuse...

Elle est toute bouleversée, pour sûr !

Déjà la messe est dite et la pièce est jouée : elle s'évertuera... il aura gain de cause.

Mais ne soyons pas dupes. Tout ceci, M'sieurs-Dames, ce n'est que du théâtre : de la mise en scène politique et urbaine. Leur 'joute' est déjà toute prête. Il aura le beau rôle, elle aura du mérite... Ils nous amuserons ou nous contrarierons, selon notre caractère et notre humeur...

Seuls, qui sait ? les hommes et les femmes du choeur, toute cette troupe miteuse de Taulard(e)s et de Vauriens en gémiront peut-être...

Mais n'est-ce pas le rôle du choeur, dans la Tragédie grecque, que de gémir sans cesse ?

Et ses gémissements résonneront en écho. Un écho paradoxal. Glacial et cynique écho des gémissements de toutes leurs victimes.

dimanche 4 août 2013

Nordin Benallal : Canicule pour tous, sauf pour les détenus


AVIS à la presse

Ces derniers jours le temps était au beau fixe et le moins que l'on puisse dire c'est que ça n'a pas été facile pour les personnes enfermées dans les hôpitaux, homes pour personnes âgées, voire pour certaines personnes qui ont un métier ou il ne fait pas bon d'avoir trop chaud, je veux parler des pompiers, des cuistots, des forgerons ...
Malheureusement, les détenus eux ne font pas partie de cette planète car rien n'a été dit sur les conditions lamentables des détenus durant cette canicule.
Là encore on peut assister à une radicalisation de la société qui préfère fermer les yeux sur un problème assez récurent de notre société.
Beaucoup diront que ce sont des détenus et qu’ils ont que ce qu'ils méritent mais en fait beaucoup de détenus sont en préventive pour X ou Y raisons et attendent pour la plupart d'être remis en liberté car fort heureusement la préventive ne débouche pas toujours sur une condamnation.
Donc laissez-moi vous donner un avant-goût de ce que ces innocents en prison endurent.
Ils sont à plus de 2 détenus en cellule, cellule mesurant à l'état d'origine 9 mètres carrés mais vu qu'ils sont pour la plupart 3 à partager ces cellules, les 9 mètres carreés de cette cellule sont très rapidement réduits par trois.
Ensuite il y a aussi la puanteur vu que les douches ne sont données que 2 fois par semaine pour autant que celles-ci soient en état de marche.
Inutile de vous dire que les insolations sont monnaie courante donc pourquoi cette indifférence à l'égard de vos concitoyens ?
L'indifférence est plus dangereuse qu'une arme à feu. Dites-vous bien que toutes ces personnes recouvreront la liberté et que ensuite elles mépriseront tous ceux qui représentent de près ou de loin une certaine autorité, car c'est bien connu la prison est et reste l'école du crime.
Donc messieurs dames de la presse Tv ou écrite ne faites pas passer le bien-être des animaux du zoo avant celui des humains dont vous êtes issus.
Seuls les régimes tels que celui d'Hitler, Mussolini, Vichy, Saddam et bien d'autres nous ont démontré à quel point une société peut vite basculer dans le chaos.
N’appelez pas directement ou indirectement au populisme !!!
L'histoire doit nous servir d'exemple pour ne plus reproduire les erreurs du passé.
Voilà c'est tout ce que j'avais à dire, j'espère ne pas vous avoir trop embêté avec ce petit texte maintenant je retourne à mes autres occupations que je n'ai pas dans ma cellule qui atteint une température de plus de 40°.


BENALLAL NORDIN

Nordin Benallal : "Bonjour Hadja, j'ai vu ton journal télévisé..."


Bonjour Hadja
J'ai vu ton journal télévisé du 3/O8/2013 et j'ai pu voir à quel point tu te soucies du bien-être des pédophiles et assassins d'enfants.
Pour commencer, sache que cette catégorie de détenus n'est pas si mal lotie que ça.
Je m'explique : un pédophile est une personne qui est dangereuse à condition qu'elle soit mise en présence d'enfants mais, comme tu dois déjà le savoir, pour le moment les enfants en bas âge ne sont pas encore incarcérés, je ne doute pas que cela pourrait très vite changer avec une ministre de la Justice telle que Annemie Turtelboom.
Mais bon pour l'heure ce n'est pas le cas.
Donc vu que ces pédophiles ne représentent aucun danger pour l'administration pénitentiaire, la plupart d'entre eux peuvent bénéficier de plusieurs avantages.
Tout d'abord ils sont protégés car mis à l'écart dans des ailes qui ne réunissent que des pédophiles.
Et si il n'y a pas d'ailes de pédophiles, alors ils sont placés dans des ailes de travailleurs où le mot d'ordre est que si jamais un pédophile est attaqué, la punition sera sans appel pour toute l'aile c'est-à-dire perte d'emploi et des avantages que cet emploi peut procurer.
Mais ce n’est pas fini ; étant donné qu'ils ne commettent aucune faute au règlement, ce sont eux les premiers à bénéficier d'emplois de confiance au sein de l'établissement.
Ensuite puisqu'ils vivent en quasi autarcie, ces derniers ne sont pas confrontés aux tensions quotidiennes qu'une prison peux connaitre voire produire.
Ce qui donne un pédophile avec un comportement irréprochable et dans la même foulée un dossier carcéral en béton pour une éventuelle liberté conditionnelle.
C'est vrai que la plupart des autres détenus voire même des agents ne supportent pas les pédophiles.
Pour les agents, ça ne doit pas toujours être facile d'être obligés de leur faire des politesses car tout le monde s'identifie aux parents qui sont victimes et fait inconsciemment le lien entres les petites victimes des pédophiles et ses propres enfants.
Voire pour d'autres de devoir passer une journée entière à côté d'un pédophile ou d'un tueur d'enfant.
Ça c'est surtout pour les gardiens qui travaillent dans le service technique des prisons ou des corvées extérieures, car là ils n’ont pas trop le choix que de se voir imposé un détenu de ""confiance"" par la direction.
Mais en ce concerne les détenus ''de droit commun'' la chose qui nous est insupportable c'est le fait de savoir que depuis l'affaire Dutroux tout les détenus se sont vus amalgamés à cette catégorie de détenus, en conséquence de quoi nous subissons un durcissement des lois.
On a encore pu le ressentir lors de la libération conditionnelle de Michelle Martin.
Le pire dans cette histoire c'est que les détenus responsables de toutes ces réformes (loi prise sous le coup de la vindicte publique), eux sont libérés petit à petit mais sans oublier de fermer à double tour les portes du pénitencier derrière eux, ce qui a pour conséquence de bloquer en prison tous les autres détenus.
Voilà pourquoi tout le monde a la rage.
En plus soyons clair : en prison un pédophile ne se fait pas soigner, tout ce qu'il fait c'est de voler sous le radar sans faire de vagues, le temps de se faire libérer et une fois libéré le voilà qui récidive car vraiment les pédophiles sont des malades mentaux pervers et dangereux.
Je ne ferais pas de populisme, tout ce que je demande c'est de faire la différence entre tel ou tel détenu et pour le reste c'est à l'Etat de trouver une solution pour soigner ses enfants malades.


BENALLAL NORDIN

Bruno des Baumettes : "En France, la Prison a remplacé la Guillotine : Elle tue, parfois elle assassine.."


 (Illustration : Laurent Jacqua)

Source
 
La Prison tue. Parfois,elle assassine.
Le constat en cet Eté 2013 est tragique.
Chaque jour, en prison des hommes, des femmes meurent...
"C'est bien fait pour eux, diront certains : z'avaient qu'à pas..."
"Tant mieux !", penseront d'autres, beaucoup d'autres sans jamais le dire.

Maître Badinter a fait abolir la Peine de Mort. La Société, l'Etat, Madame et Monsieur Tout-le-Monde ont tôt fait de la restaurer.
Des Peines de Mort qui ne disent pas leur nom. Des peines de petites morts quotidiennes, des morts silencieuses, des êtres à qui on enlève la vie, jour après jour ou bien d'un coup. Des vies interrompues, comme une lumière qu'on éteint, sans y penser, presque : comme une porte qu'on ferme.

Des vies qui ne valent pas grand chose
Voilà ce qu'on peut lire ces jours-ci dans la presse :
"L'homme, âgé de 35 ans, était tombé dans l'escalier en sortant du bureau du juge ; transporté à l'hôpital de Béziers, les médecins lui ont juste suturé la plaie, sans faire de radio ni de scanner. L'homme est donc retourné en prison. Où il a passé la nuit à se plaindre d'un très fort mal de tête. Au petit matin il était mort..." (France Info 02/08/13)
Une simple négligence, dira l'enquête. "C'est pas de notre faute !", diront les Surveillants. "Ca arrive...", soutiendra l'Hôpital. "C'est la faute de l'escalier, d'un faux-pas, ou bien ce fut de sa faute à lui : il s'est laissé glisser...", concluront les Experts.
"L'avait qu'à pas aller en prison...", souriront les honnêtes Citoyens. En plus : c'est bien con de mourir d'une glissade...

Des suicides bien mérités
Tiens, encore, dans cette satanée Presse qui ne nous laisse donc pas tranquilles, qui ne nous permet pas de dire "Je ne savais pas..." :
" Un détenu de 87 ans s'est suicidé par pendaison dans sa cellule d'une unité hospitalière pénitentiaire..." (Source : Europe 1 avec AFP,02/08/13)
Un mort, encore, un mort à nouveau en Prison. Cela fait l'objet d'une brève dans la Rubrique des 'Faits divers'... comme on parlerait de la chute d'un arbre ou du passage d'un orage en été...
Il s'agit encore pourtant d'un suicide, celui d'un homme en prison...
Sait-on qu'en France il y a sept fois de suicides en prison que dans le reste de la population ? Sait-on que c'est le pays européen où ce taux est le plus élevé ? (Deux fois plus que la moyenne - Russie et Turquie y compris).
Oui, sûrement on le sait. On s'en doute. Mais on voudrait ne rien savoir. (Source : Conseil de l'Europe, via Melty.fr - 01/02/13)
Quelle idée aussi de vouloir se suicider à 87 ans ! Il aurait pu attendre un peu...

Des condamnations pour l'éternité : des peines de mort qui ne disent pas leur nom
Prenons un criminel : Philippe EL SHENNAWY, par exemple. Ca fait à présent trente-neuf ans qu'il est incarcéré. Il sera libérable en 2032. D'ici-là il connaîtra sûrement des aménagements de peine... de sa Peine de Mort !
Quel espoir pour ce type lui reste-t-il que d'entamer une grève de la faim ?
"Qu'il crève !", clamera le bon Peuple qui ne veut pas qu'on l'ennuie pendant ses vacances.
Quelle idée de pourrir en prison, surtout l'été !
(Lre : 57 ans de Prison = Peine de Mort)

Ne rien dire, ne rien faire et laisser la Peine (de Mort) s'accomplir
A l'époque, on disait : "Bourreau, fais ton office !". Laissons donc nos Prisons et leurs nervis exécuter leurs basses besognes. Puisque, officiellement, la Peine de Mort est abolie.
Françaises, Français, profitez bien de vos vacances. D'autres, au fond d'un trou, dorment en Paix.
Requiescant in pace !